«Toutes pour une»: dissection d’un film mort-né et d’un système mortifère
Causeur veut bien que Didier Desrimais nous parle du film français le plus « woke » du moment. Mais à la condition de vraiment voir ledit film, qu'on dit victime de « review bombing » sur France inter. Et ce, jusqu’à la dernière minute… L’article «Toutes pour une»: dissection d’un film mort-né et d’un système mortifère est apparu en premier sur Causeur.
Causeur veut bien que Didier Desrimais nous parle du film français le plus « woke » du moment. Mais à la condition de vraiment voir ledit film, qu’on dit victime de « review bombing » sur France inter. Et ce, jusqu’à la dernière minute…
Rubrique cinéma. Ce n’est pas une daube, c’est LA daube de ce début d’année. Éric Neuhoff, dans Le Figaro, lui a collé un zéro pointé. Le Nouvel Obs évoque un « brouillon vociférant ». Même Télérama m’avait prévenu : « scénario poussif et confus », « réalisation bourrine » – bref, le film à éviter absolument. Il n’empêche, résolu à en avoir le cœur net, je suis allé voir “Toutes pour une”, le film d’Houda Benyamina censé « revisiter » l’œuvre d’Alexandre Dumas et la transformer en un brûlot féministe. C’était dimanche. Nous étions deux dans la salle. Au bout de vingt minutes de projection, visiblement exaspéré par ce début calamiteux, mon compagnon d’infortune s’est levé et est sorti en poussant d’épais soupirs. Il n’a donc pas vu les pires scènes, qui étaient à venir, de cette bouse cinématographique. Moi, si.
Grossièretés néoféministes
Le synopsis : « Quand Sara, jeune fille en fuite, découvre que les Trois Mousquetaires qui protègent la Reine de France sont en réalité des femmes, elle décide de partir avec elles et de suivre leur exemple : se transformer pour être libre, se transformer pour être soi… » La transformation en question consiste à se bander les seins, à porter de fausses moustaches, de fausses barbes, de faux pénis, et à uriner debout en se moquant de la dernière recrue du groupe, Sara, alias d’Artagnan, qui, par manque d’habitude, se pisse dessus. Rien ne vient sauver cette déplorable production. Les scènes se succèdent confusément, noyées sous les décibels de chansons diversement modernes, anglo-saxonnes, bruyantes et commerciales. Les actrices peinent à avoir plus de deux expressions faciales. Les dialogues, consternants de bêtise, sont émaillés de grossiers messages supposément féministes. Une scène particulièrement longue et ennuyeuse voit deux des protagonistes sommer un nobliau de cesser de « faire l’homme » devant son épouse et l’enjoindre de se laisser aller et de pleurer – après moult petits cris évocateurs, parvenues à leur fin, elles s’écroulent de rire dans un râle orgasmique. Le dernier quart d’heure, d’un ennui insondable, scelle la pierre tombale sous laquelle gît ce film mort-né.
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Après une semaine d’exploitation, seuls 11 611 spectateurs se sont déplacés pour aller voir ce navet. Sur le site d’AlloCiné, aux mauvaises critiques de la presse se sont rapidement ajoutés les retours meurtriers des premiers spectateurs : « un désastre », « un naufrage » « de la propagande woke » ; l’un d’entre eux résume parfaitement la situation : « Les dialogues sont plats, l’humour forcé, le scénario manque cruellement de substance. Les scènes d’action, censées dynamiser le récit, échouent à captiver. Cette production est un exemple parfait de la manière dont le politiquement correct peut saboter le cinéma, en privilégiant une idéologie au détriment de la qualité artistique. » AlloCiné a pris la décision de retirer de son site les critiques des spectateurs, « en raison d’un afflux anormalement élevé de notes extrêmes » dans un sens ou dans l’autre. Tu parles !
La fachosphère frappe encore
Sur France Inter, la radio la plus woke de France, la journaliste Manon Mariani a expliqué pour quelles raisons, selon elle, ce film n’a pas rencontré le succès qu’il méritait. “Toutes pour une” serait victime de review bombing, « une pratique qui consiste à massivement très mal noter un produit culturel pour nuire à sa popularité ». Qui se cache derrière cette redoutable pratique ? Mais oui, mais c’est, bien sûr, vous l’avez deviné, la… fachosphère. Cette pratique est, d’après la journaliste france-intérienne, « une véritable arme de destruction 2.0 utilisée par la fachosphère qui accuse ce qu’elle appelle l’idéologie woke d’infiltrer les films. Autrement dit, quand ils sont trop politiques, trop LGBT, trop racisés, trop féministes, etc. “Toutes pour une” est donc une cible parfaite pour ses détracteurs car le film met en scène des jeunes femmes, indépendantes, arabes, noires, et qui en plus prennent la place d’hommes blancs, figures historiques de la littérature française. » Les critiques de Télérama, de Libération, du Nouvel Obs et du Monde ont dézingué le film en lui filant la plus mauvaise note possible. Suite au rapport du comité de surveillance politique de France Inter, doivent-ils craindre de se voir bientôt accusés d’appartenir à la fachosphère ?
Agacée par l’insuccès du film, l’actrice jouant le rôle d’Athos a posté une vidéo victimaire sur sa messagerie Instagram : « Moi, Sabrina Ouazani, enfant d’immigrés, d’origine algérienne, Française, que vous le vouliez ou non, banlieusarde, de confession musulmane, eh ben j’interprète Athos, d’Alexandre Dumas, dans “Toutes pour une” d’Houda Benyamina… et je vous emmerde ! » Elle nous emmerde d’autant plus qu’elle a su profiter d’un système de financement qui fait le bonheur des aigrefins du milieu cinématographique.
Certains d’entre vous se sont en effet peut-être posé la question de savoir comment, avec si peu d’entrées, chacun des participants à cette catastrophe allait pouvoir continuer de payer son loyer, sa facture d’électricité et son abonnement à Netflix. Il faut savoir que ces gens-là ne sont pas payés au prorata du nombre d’entrées. Non, non, non. Ces gens-là ont déjà été payés. Et pas qu’un peu. Et, pour une bonne partie, avec notre argent.
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Le budget de “Toutes pour une” a été de… 10 millions d’euros ! France Télévisions a déboursé, tenez-vous bien, 2,6 millions d’euros. Le CNC, cette officine du cinéma woke, 750 000 euros. La Région Île-de-France, dirigée par Valérie Pécresse, 390 000 euros. Selon les chiffres issus de cinéfinances.info rapportés sur le Blog Siritz, Mme Benyamina, la réalisatrice, a touché une rémunération de 250 000 euros. Elle a également partagé, au titre de co-scénariste, 260 000 euros avec les deux autres scénaristes de ce margouillis. Chacune des actrices principales a perçu la coquette somme de 165 000 euros. Pour info, le budget du premier film de Mme Benyamina, “Divines”, vu par 321 000 spectateurs, était de 2,4 millions d’euros, et la rémunération de la réalisatrice, de 60 000 euros. Morale de l’histoire : plus c’est mauvais, plus ça peut rapporter.
Grand banditisme
Restons dans le petit monde du cinéma. Le réalisateur Robert Guédigian était récemment, sur France Inter, l’invité de Léa Salamé pour son film “La Pie voleuse”. À propos de la délinquance, en particulier des vols, ce réalisateur a une morale bien à lui, qui est en vérité celle de ses congénères de gauche, de Geoffroy de Lagasnerie et du Syndicat de la magistrature : « Il y a des bons voleurs et des mauvais voleurs. Le vol participe de la répartition des richesses. On peut voler sans violence, on peut voler pour de bonnes raisons. Le vol a toujours eu quelque chose à voir avec le banditisme social. » C’est beau. Oui, mais voilà, M. Guédigian avoue aussi que, après avoir été cambriolé quatre fois, il n’était « pas très content ». Du coup, il a fini par installer une alarme, en regrettant de ne pas l’avoir fait plus tôt car depuis, dit-il, il n’est plus cambriolé. Contre le vol organisé par des margoulins du monde dit de la culture, les Français n’ont en revanche aucun moyen de protection. Ne pouvant empêcher cette spoliation systématique, méthodique et officielle, ils se font gruger – et, à l’inverse de M. Guédigian, ils ne pensent pas que cela relève d’une juste « répartition des richesses ». Ils enragent d’entendre une actrice, qui a gagné l’équivalent de sept années de Smic pour quelques semaines de tournage, les rabrouer en se faisant passer pour une victime après leur avoir fait les poches, et de voir l’argent public arroser les projets cinématographiques les plus nuls au seul motif qu’ils répondent aux injonctions des idéologies progressistes. Sans doute M. Guédigian appellerait-il cela du « banditisme artistique » – nous parlerons plus simplement d’escroquerie.
En septembre 2023, la Cour des comptes a rendu un rapport accablant sur le CNC. Il était demandé au « quatrième collecteur de taxes affectées » d’infléchir la progression continue du nombre de films et de cesser de financer tout et n’importe quoi, sachant que, sur les dix dernières années, seulement 2% des films subventionnés ont « rencontré leur public », pour parler la langue diplomatique de Pierre Moscovici. Mais rien n’y a fait. Le CNC, doté entre autres choses d’un Fonds Images de la diversité (sic) et d’une politique écolo-bobo ayant pour objectif de favoriser « des productions ayant un impact positif sur l’environnement » (sic), agrée de plus en plus de films qui, hormis de notables exceptions, se ramassent gamelle sur gamelle. Pourtant, si l’on écoute le discours d’Olivier Henrard à l’occasion de la cérémonie des vœux 2025 du CNC qu’il préside, tout baigne, le cinéma français est une réussite et « cette réussite est le fruit du cadre de régulation et de financement qui constitue le modèle français d’exception culturelle ». Par ailleurs ce modèle aurait permis d’obtenir « des résultats exceptionnels, objectifs, chiffrés et mesurables ». Emporté par son élan, Olivier Henrard affirme que, « à l’heure où on parle de réindustrialiser notre pays ; à l’heure où l’on parle de sauvegarder notre souveraineté, notamment culturelle ; à l’heure où l’économie doit retrouver un sens et pas seulement une rationalité ; à l’heure où l’on parle de rassembler tous les Français autour de représentations communes, à cette heure-là, qui est grave, force est de constater que le modèle français de financement et de régulation du cinéma et de l’audiovisuel coche toutes les cases ». Ce modèle, selon lui, « constitue un trésor national et notre pays tout entier peut et doit le revendiquer comme une véritable fierté collective ». On croit rêver !
1h36, en salles (plus très longtemps)
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