Saint Paddington

Paddington revient cette semaine au cinéma pour le bonheur des petits et des grands. Toute la famille Brown part au Pérou retrouver la chère tante Lucy qui séjourne dans la maison des ours, EHPAD réservé aux plantigrades âgés. Cette comédie d’aventure bourrée de sentiments à la marmelade élève la bonté au rang de parabole. Un cinéma christique qui fait du bien, un joli baume au cœur en ce mois de février... L’article Saint Paddington est apparu en premier sur Causeur.

Fév 6, 2025 - 21:54
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Saint Paddington

Paddington revient cette semaine au cinéma pour le bonheur des petits et des grands. Toute la famille Brown part au Pérou retrouver la chère tante Lucy qui séjourne dans la maison des ours, EHPAD réservé aux plantigrades âgés. Cette comédie d’aventure bourrée de sentiments à la marmelade élève la bonté au rang de parabole. Un cinéma christique qui fait du bien, un joli baume au cœur en ce mois de février


Paddington ne règlera pas la faim dans le monde, ni les guerres lasses, encore moins les budgets en godille et les fièvres partisanes. Il a beau posséder désormais un passeport britannique dûment tamponné et validé ; son assimilation, après quelques ajustements, fut un modèle d’intégration, il a adopté le duffle-coat réglementaire et la politesse proverbiale des sujets de Sa Majesté ; ses voisins lui ont même offert un parapluie, le même que portent les lords dans Savile Row, il n’en demeure pas moins un jeune ours devant la férocité du monde.

La veulerie, la jalousie, l’intérêt si ce n’est celui des oranges, la malhonnêteté, l’amertume lui sont des sentiments totalement étrangers. Nous aimons Paddington car il est un Saint farceur plein de poils, qu’il est gentil avec les personnes âgées et aussi avec les méchantes, et qu’il est d’une sincérité désarmante. Il ne se cache pas derrière un masque. Il parle au premier degré. Il n’anticipe pas les réactions de ses interlocuteurs. Sa droiture morale nous intrigue. Sa probité nous émeut. Il ne voit pas le mal, et c’est le mal qui se fracasse dans cette boule de tendresse. Alors bien sûr, on peut trouver ça charmant et un peu larmoyant, sourire d’un divertissement grand public ; certains y verront même des messages sur l’identité et la cohabitation parfois douloureuse entre pays d’origine et pays d’adoption, car le nouveau Paddington de 2025 dessine, à coups de pattes, les sujets sociétaux qui nous animent. Mais là, n’est franchement pas l’essentiel.

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Au-delà du mantra fraternel véhiculé par ses différentes histoires, Paddington incarne toujours une forme de pureté qui nous étonne, tellement nous sommes habitués aux visées machiavéliques des Hommes. Il n’a pas été touché. Il n’a pas été inoculé par le poison de l’individualisme et de la défaite. Il possède la foi des innocents ce qui nous met mal à l’aise, donc on la délégitime avec des artifices, on l’infantilise. La raison ne suffit pas à expliquer pourquoi Paddington nous montre un chemin, du moins un horizon nouveau qui ne serait pas animé par le calcul et le profit immédiat. Paddington nous nettoie l’esprit par sa fraîcheur et son absence de dogmatisme. Il est bon, non par nécessité ou trucage, il est naturellement bon. On sait que chez les Hommes cette qualité est rare, donc on l’observe avec joie, et aussi un peu de crainte chez cet ours chapeauté de rouge. Il dérégule nos systèmes de pensée. Il est à la fois une sorte de purificateur et de pacificateur ; dans une époque furibarde, passer deux heures avec Paddington dans une salle de cinéma, c’est déjà emprunter la voie de la rédemption. Paddington est au-dessus de la politique, sa mission dépasse les clivages. Il n’est le militant d’aucune cause si ce n’est la quiétude des siens et des autres. Altruiste, Paddington ne se victimise pas, il tente d’avancer dans la vie en se comportant, non pas comme un exemple, une référence, juste comme quelqu’un de « bien », ce sont les autres qui devant sa détresse succombent à sa bouille d’ange. Il leur remet les idées à l’endroit. Paddington serait-il un naïf qui arriverait seulement à ses fins par sa maladresse et sa chance ? Paddington est la volonté même. Les difficultés qu’il rencontre, ne l’arrêtent jamais. Il est courageux et sensible, ce qui fait de lui un être à part, une sorte de guide sans autoritarisme. Nous en sommes convaincus, avec Paddington, il ne peut rien nous arriver, il aura toujours au fond de lui, un sandwich et une lumière. Même perdu dans la jungle amazonienne, cette lumière brille toujours.


Paddington au Pérou – en salles depuis mercredi. 106 minutes.

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