La nuit où Christo et Jeanne Claude érigent un mur de barils dans la rue Visconti

C’était dans la nuit du 27 juin 1963. Le couple d’artistes Christo et Jeanne Claude, connus pour leurs empaquetages du Pont-Neuf ou (de manière posthume) de l’Arc de Triomphe, décide de remplir la rue Visconti, dans le 6e arrondissement de Paris, d’un empilement de barils d’essence. Une installation éphémère qui évoque alors le “rideau de […]

Fév 3, 2025 - 01:54
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La nuit où Christo et Jeanne Claude érigent un mur de barils dans la rue Visconti

C’était dans la nuit du 27 juin 1963. Le couple d’artistes Christo et Jeanne Claude, connus pour leurs empaquetages du Pont-Neuf ou (de manière posthume) de l’Arc de Triomphe, décide de remplir la rue Visconti, dans le 6e arrondissement de Paris, d’un empilement de barils d’essence. Une installation éphémère qui évoque alors le “rideau de fer” séparant l’Allemagne en deux blocs.

89 barils rue Visconti

Nous sommes le jeudi 27 juin 1963, à la nuit tombée. La rue Visconti, voie calme reliant les rues Bonaparte et de Seine dans le 6e arrondissement de Paris, connaît soudainement une vive agitation. En effet, ces numéros 1 et 2 sont soudainement recouverts de 89 barils de pétrole empilés les uns sur les autres, si bien que le passage est entièrement bloqué.

Jeanne-Claude et Christo. Photo Wolfgang Volz, © 1985 Christo
Jeanne-Claude et Christo. Photo Wolfgang Volz – © 1985 Christo

Cette installation éphémère et sauvage est une première manifestation publique de Christo et Jeanne Claude, un couple d’artistes alors méconnu en France. Lui, Christo Vladimiroff Javacheff, un réfugié bulgare, et elle, Jeanne-Claude Denat de Guillebon, scandalisés par la construction du mur de Berlin, décident de bloquer cette rue durant huit heures malgré l’interdiction de la Mairie. Emmenés au commissariat, ils en sortent finalement sans poursuite.

Un mur politique

Baptisé Iron Curtain (“rideau de fer”), ce mur de barils fait référence à l’actualité politique. L’expression est reprise au président Churchill, qui utilise cette métaphore pour qualifier la division connue par l’Allemagne au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. En 1961, Berlin est alors séparé par un mur en pierre, avec d’un côté, le bloc de l’Ouest (États-Unis), et de l’autre, celui de l’Est (URSS). Une situation qui révolte l’année même le couple d’artistes, érigeant un premier mur de barils dans le port de Cologne pour dénoncer la brutalité de cette séparation.

Le baril de pétrole

D’où vient alors l’idée d’utiliser des barils de pétrole ? Sûrement du contexte dans lequel l’idée a germé. En effet, dans les années 1960, Christo s’installe dans un atelier à Gentilly, situé à proximité d’un entrepôt de barils usagés qu’il pouvait récupérer à sa guise, selon la rouille de son métal et la couleur de sa compagnie pétrolière. Véritable symbole d’une société de la consommation et du tourisme qui se déplace en voiture, le baril de pétrole était un objet idéal pour concevoir des oeuvres ancrées dans leur époque. C’est d’ailleurs un élément que l’on retrouvera régulièrement dans les empaquetages réalisés par le couple.

Jeanne-Claude et Christo, Iron Curtain, 1963
Jeanne-Claude et Christo, Iron Curtain, 1963

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