Ce somptueux édifice décoré de muses et déesses est reconnu comme l’un des plus beaux théâtres du monde

362, c’est le nombre d’édifices comportant au moins une protection au titre des monuments historiques à Bordeaux. Fontaines, églises, couvents ou encore cimetières, les sites historiques ne manquent pas dans cette Ville d’Art et d’Histoire baignée par la Garonne. Direction la célèbre Place de la Comédie pour admirer l’un des plus majestueux, dont la décoration […]

Fév 8, 2025 - 11:20

Ce somptueux édifice décoré de muses et déesses est reconnu comme l’un des plus beaux théâtres du monde

362, c’est le nombre d’édifices comportant au moins une protection au titre des monuments historiques à Bordeaux. Fontaines, églises, couvents ou encore cimetières, les sites historiques ne manquent pas dans cette Ville d’Art et d’Histoire baignée par la Garonne. Direction la célèbre Place de la Comédie pour admirer l’un des plus majestueux, dont la décoration est aussi sublime que les trésors qu’il abrite…

Un chantier de 4 ans pour offrir à Bordeaux un théâtre digne de ce nom

La genèse de ce monument emblématique de la ville de Bordeaux remonte au XVIIIe siècle, véritable période de renouveau artistique et culturel en France. Parmi les ports de commerce les plus actifs du pays, la cité girondine ressent alors le besoin de se doter d’une salle de spectacle digne de sa renommée. Et c’est un coup du sort qui va accélérer cette décision. Après le terrible incendie de 1756 qui détruit la salle de spectacle qui s’élève alors sur les fossés de l’Hôtel de Ville, Bordeaux ne possède plus de théâtre. Après la présentation d’un premier projet par l’architecte François Lhote, le Maréchal de Richelieu, Gouverneur de la province de Guyenne, impose finalement l’architecte parisien Victor Louis pour imaginer ce nouveau temple de la culture. Des terrains sont vendus à la hâte pour couvrir les dépenses de ce chantier qui démarre en 1776. La première pierre sera d’ailleurs posée par Louis-Philippe d’Orléans, également connu sous le nom de Philippe Égalité après 1792 et surtout père du roi des Français Louis-Philippe Ier. L’édifice est inauguré en 1780, avec une représentation d’Athalie de Racine et du Jugement d’Apollon de Blincourt, devant une salle bondée où se pressent 1 700 spectateurs. Une affluence colossale qui s’explique aussi par la curiosité de voir de plus près le résultat final. L’architecte Victor Louis a usé de tout son talent pour offrir harmonie, raffinement, sobriété, puissance, pureté, élégance, noblesse d’ordonnance à son œuvre : le Grand-Théâtre.

Déesses et muses veillent sur ce temple de l’art

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que, aujourd’hui encore, on continue de louer ce bâtiment reconnu comme un véritable chef-d’œuvre de l’art architectural du XVIIIe siècle. À la valeur esthétique de l’ouvrage s’ajoute également l’acoustique exceptionnelle de la salle due à la carcasse de bois qui l’enveloppe. Situé place de la Comédie à l’ancien emplacement du forum gallo-romain, où se trouvait le “temple des Piliers de Tutelle”, du nom de la déesse Tutela protectrice de la ville, le Grand théâtre de Bordeaux s’inscrit alors dans un prestigieux ensemble architectural, qui forme avec les places de Tourny et Gambetta le désormais célèbre Triangle d’Or bordelais. En possible référence ou simple clin d’œil à cette déesse, le bâtiment de plan rectangulaire s’ouvre d’ailleurs à l’ouest sur la place de la Comédie par un péristyle de douze colonnes corinthiennes supportant un entablement et une balustrade ornés de 12 statues, à savoir neuf muses et trois déesses : Euterpe (muse de la musique), Uranie (muse de l’astronomie), Calliope (muse de la poésie épique et de l’éloquence), Terpsichore (muse de la danse), Melpomène (muse de la tragédie), Thalie (muse de la comédie), Polymnie (muse de la rhétorique), Erato (muse de la poésie), Clio (muse de l’histoire) et les déesses Junon, déesse de la fécondité, Vénus, déesse de l’amour et Minerve, déesse de la sagesse et de la guerre raisonnée.

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Un écrin de rêve pour une soirée parfaite à l’opéra

Après avoir accueilli des artistes de renom, tels que Liszt, Cinti-Damoreau, Falcon, Placido Domingo, Gustav Leonhardt ou Natalie Dessay, et avoir assisté à la création de multiples œuvres lyriques, le théâtre s’est refait une beauté au début des années 90 afin d’effacer l’outrage des ans et de permettre une adaptation aux exigences de la scénographie moderne. Pour plus de clarté et d’éclat, l’habillage vieil or et rouge qu’avait imposé le XIXe siècle a été remplacé par le décor d’origine où se mêlent bleu, blanc et or, qui rappelle les teintes de l’opéra du château de Versailles. Au-delà d’être un chef-d’œuvre architectural, le Grand-Théâtre une salle de spectacle exceptionnelle. Ornée de splendides décorations, lustres en cristal et dorures, la salle de spectacle ovale peut accueillir plus de 1 100 spectateurs et abrite l’une des plus grandes scènes d’Europe, offrant un espace idéal pour les opéras, les ballets et les pièces de théâtre. Lieu d’exercice pour l’Assemblée nationale dans les moments les plus sombres de l’Histoire de France, le Grand-Théâtre se présente aujourd’hui dans sa pureté architecturale comme un ensemble unique de l’art du XVIIIe siècle où l’on peut pleinement assouvir sa soif de scène lyrique ou théâtre consacré au ballet et à la comédie.