Mayotte : quand le socialisme détruit encore plus que le cyclone
Les effets dévastateurs du cyclone Chido qui s’est abattu sur l’archipel français de Mayotte (océan Indien) au cours du mois dernier font irrésistiblement penser au passage de l’ouragan Irma sur l’île antillaise de Saint-Martin en septembre 2017. À l’époque, la comparaison avec la partie néerlandaise de l’île avait cruellement souligné les défaillances de l’État français, […]
Les effets dévastateurs du cyclone Chido qui s’est abattu sur l’archipel français de Mayotte (océan Indien) au cours du mois dernier font irrésistiblement penser au passage de l’ouragan Irma sur l’île antillaise de Saint-Martin en septembre 2017. À l’époque, la comparaison avec la partie néerlandaise de l’île avait cruellement souligné les défaillances de l’État français, aussi bien dans sa gestion ponctuelle des secours que dans son administration générale du territoire.
Résumé tristement éloquent du magazine Capital quelques mois avant la catastrophe, chiffres et infographie à l’appui : “Île de Saint-Martin : le business côté néerlandais, la déglingue côté français.” De fait, si la partie néerlandaise de l’île apparaissait comme celle du tourisme de masse florissant, la partie française se révélait être celle du chômage de masse abrutissant avec un taux de 30 % en 2017, soit le triple de la partie hollandaise, tandis que le PIB côté français ne se situait qu’à la moitié du PIB côté hollandais.
Comment expliquer cette différence, sinon par l’effet dramatiquement néfaste de politiques typiquement socialistes basées sur un État providence boursouflé et des subventions déversées en continu côté français, avec pour seul effet d’enfermer durablement les populations dans le chômage et l’assistanat, jusqu’à annihiler toute initiative de développement ?
Force est de constater aujourd’hui à Mayotte que les mêmes causes produisent assez régulièrement les mêmes effets. L’État français s’avère toujours aussi incapable d’organiser rapidement des secours, toujours aussi incapable d’apporter la moindre prospérité et toujours aussi incapable d’assurer la sécurité des populations, mais il n’est jamais en reste pour promettre de multiples plans de sauvetage du territoire censés régler définitivement et en beauté toutes ces questions.
Ainsi donc, après le plan “Mayotte 2025” de 2014 et le plan d’urgence de 2018, concocté à la hâte dans la foulée d’une grave crise sociale déclenchée par les problèmes de sécurité et d’immigration, voici maintenant le plan “Mayotte debout” qui sera en partie intégré dans le projet de loi d’urgence pour Mayotte, sans oublier une nouvelle “loi programme de refondation” de l’archipel qui devrait émerger d’ici quelques mois.
Il suffit de voir agir et parader Mme Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale dans le tout nouveau gouvernement Bayrou, pour comprendre que tout cela est fort beau, fort diligent, fort solidaire – fort socialiste, pour tout dire – et que la population doit s’en contenter, point. Encore faudrait-il, pour que cela ait quelque effet positif, que ce ne soit pas comme d’habitude une simple politique du pansement sur la célèbre jambe de bois. Or de ce côté-là, ce n’est pas gagné, loin s’en faut.
Lors du référendum de 1974 sur l’autodétermination des Comores, Mayotte avait voté à 63,8 % pour rester rattachée à la France et fut finalement instituée en département et région d’outre-mer (DROM) en 2011. Selon un rapport de le Cour des comptes publié en juin 2022, aucun des plans de développement évoqués ci-dessus ni aucune de leurs nombreuses déclinaisons au fil du temps n’ont donné lieu à un suivi sérieux de la part des autorités publiques et à des avancées palpables pour les habitants.
Dans le but de créer un terreau favorable au développement économique, il était par exemple question de mettre de l’ordre dans la reconnaissance des propriétés foncières et de mener à bien leur adressage. Des subventions spécifiques furent même attribuées à ces tâches, mais l’on constate aujourd’hui qu’elles n’ont que très peu progressé, laissant l’archipel pratiquement dans le même désordre que lors de la départementalisation.
Face au triple défi de la démographie galopante, de l’immigration incontrôlée (en provenance des Comores pour l’essentiel) et de l’insécurité grandissante, les gouvernements successifs ont préféré appliquer la recette rapide et clientéliste des transferts financiers depuis la Métropole. Résultat, si le PIB par habitant de Mayotte est comparable à celui de Maurice (de l’ordre de 10 000 euros en 2022), il en diffère radicalement car il est formé à hauteur de 80 % de transferts de l’État, de fonds européens, de décaissements de la Caisse des dépôts et consignations et de subventions octroyées par l’Agence française de développement.
Par exemple, l’industrie du tourisme, florissante à Maurice, est une activité très faible à Mayotte malgré son potentiel évident. Autre exemple typique de l’atonie économique de l’archipel malgré – ou plutôt à cause – des transferts financiers, la faiblesse du tissu économique mahorais. On recense 15 000 entreprises avec numéro siret à Mayotte, mais elles n’ont pour la plupart aucun salarié et ne produisent pratiquement aucune valeur ajoutée. En fait, 5 % des entreprises représentent 25 % de la masse salariale, toutes dans le secteur du BTP. Le taux de chômage atteint 35 % et le taux de non-diplôme frôle les 70 %.
Réflexion en passant des rédacteurs de la Cour des comptes :
“C’est le tableau d’une économie non viable, totalement dépendante des transferts de la métropole et pour ainsi dire non génératrice de valeur ajoutée, conduisant à se demander si cette situation est tenable sur le temps long, avec la perspective à 750 000 habitants d’ici 25 ans.”
Je crois que l’on peut répondre avec certitude à la Cour des comptes que non, cette situation n’est pas tenable.
Les économistes spécialistes du développement ont établi depuis longtemps que le versant “subventions et aides internationales” avait surtout pour effet d’empêcher les pays et les populations concernées de se prendre en charge eux-mêmes, de se réformer et d’innover. De plus, il attise la corruption et les convoitises, relançant guerres ethniques, immigration illégale et insécurité des biens et des personnes. Mayotte en est exactement là.
En revanche, ainsi que l’a montré l’économiste libéral péruvien Hernando de Soto Polar à partir de son analyse des bidonvilles de Lima, le droit de propriété joue un rôle essentiel dans le développement. C’est l’accumulation du capital qui compte, même à partir de tout petits pécules. Que ces petits pécules soient trop souvent volés, et les projets d’avenir s’effondrent.
Si l’État ne se décide pas à jouer son rôle de garant des droits de propriété, s’il n’assure pas la sécurité des biens et s’il ne permet pas que les contrats soient respectés, à Mayotte, à Paris ou ailleurs, il pourra transférer des fonds de soutien tant et plus, on en sera en 2030 au même point qu’en 2025, tout comme on en est en 2025 au même point qu’en 2020, qu’en 2015, qu’en 2010, etc.